Encore de mauvaises nouvelles de l'état de la presse

La presse écrite est en crise. Rien de nouveau à ce sujet si ce n'est des actualités toujours plus inquiétantes.

En l'espace de deux jours deux informations alarmantes sur l'évolution de la presse et de son indépendance sont venues s'ajouter.
Le 12 janvier le site d'information Bakchich.info a annoncé sa fermeture pour la fin du mois. Dans son éditorial publié en ligne Nicolas Beau, le directeur de la rédaction, l'explique : « Une page se tourne. Bakchich va fermer ses portes fin janvier, annonce t-il. Nous sommes comme les chats qui meurent lorsqu’on les empêche de rêver. » Le modèle de Bakchich n'a donc pas fonctionné. Il consistait à s'appuyer sur l'édition d'un hebdomadaire payant pour venir financer la rédaction et donc le site pour obtenir un équilibre des comptes. Lancé en 2009, l'hebdomadaire version papier devait atteindre 30 000 exemplaires pour réaliser les objectifs mais chaque semaine ce sont entre 12 000 et 15 000 ex. qui auraient été vendus. Les internautes n'arrivant pas à se muer en lecteurs pour permettre à l'information de vivre.
Le 13 janvier, les journalistes des Dernières Nouvelles d’Alsace ont appris que l’ensemble des journaux régionaux appartenant au Crédit Mutuel devaient publier aujourd'hui des reportages d’un journaliste de la rédaction du Journal de Saône-et-Loire. Cette nouvelle était déjà surprenante car le principe des journaux régionaux est de proposer par définition dans leurs pages des informations originales liées à leur région et non une information nationale uniformisée provenant d'une autre rédaction. Elle était également inquiétante car si ces reportages concernent Haïti (donc la page internationale), l'un d'entre eux met à l'honneur l'action humanitaire du CIC-Crédit Mutuel dans ce pays.
Il est raisonnable de craindre que le Crédit Mutuel, premier propriétaire de quotidiens régionaux français, soit tenté d'imposer une ligne éditoriale à ses journaux au mépris de toute impartialité et d'objectivité. Cette utilisation des journaux seraient terrible en termes de crédibilité et d'indépendance. Ce que craignent aussi les syndicats de journalistes c'est que leur principal actionnaire veuille mutualiser (sans mauvais jeu de mots) le travail de ses rédactions dans une logique comptable et par conséquent supprimer des postes. L'information régionale perdrait de sa pertinence et serait vide de sens.

Mise à jour du 24 janvier 2011:
Xavier Niel, patron d’Iliad, fondateur de Free et aussi co-actionnaire du site d’information Bakchich serait en discussion pour sa reprise.

Abonnez-vous gratuitement à mes réseaux sociaux, newsletter et chaîne YouTube